Le plus brillant des auteurs de polars
cubains revient avec un roman foisonnant, au centre duquel trône un tableau de
Rembrandt. Entre la grande histoire et la petite, Leonardo Padura nous invite à
une enquête qui n'est pas que policière, avec la question de la liberté comme
fil rouge…
Il
n'est pas facile de résumer un roman comme celui-ci. Tout d'abord, il faut
peut-être préciser que, malgré la présence de Mario Conde, le détective fétiche
de tous les romans de Padura, Hérétiques
n'est pas un polar. Ou plutôt n'est pas que cela. Loin de là. Car Hérétiques commence comme un roman
historique, lorsqu'un bateau en provenance d'Europe, chargé de plusieurs
centaines de Juifs, entre dans les eaux cubaines. Nous sommes en 1939, et parmi
ceux qui espèrent trouver refuge à La Havane, il y a la famille Kaminsky. En
guise de sauf-conduit et d'assurance pour l'avenir, le fameux tableau. Mais
cela ne suffit pas. Le bateau est refoulé. Le tableau, lui disparaît, pour
refaire surface dans les années 2000. Et c'est là que l'enquête de Mario Conde
commence : elle ne sera pas du tout linéaire, l'emmenant (et nous avec), dans
le passé d'une famille, dans l'histoire du tableau jusqu'au XVIIè siècle, à
travers plus d'un demi siècle à Cuba… Et ce n'est pas tout car Hérétiques est aussi une sorte de roman philosophique qui interroge avec brio les notions
de liberté et de révolte à travers le temps. Le brio de Padura est tel qu'on ne
s'y perd jamais et qu'on est au contraire constamment passionné par ce texte épique et désenchanté, où le rhum coule à flot et où brille le soleil de Cuba.
Embarquez toutes affaires cessantes !
Leonardo Padura, Hérétiques, éd. Métaillé, 23 €.
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