Pour son premier roman, Samuel
W. Gailey a choisi le noir très profond. Car au cœur de l'hiver, dans une
petite ville paumée de Pennsylvanie, la mort d'une serveuse de bar va déchaîner
les passions…
On pourrait penser que 24 heures ce n'est pas grand chose. C'est
pourtant suffisant pour bouleverser des vies et toute une petite communauté. 24
heures, c'est la durée de ce roman extra-noir au cours duquel on découvre le
cadavre de Mindy et où Danny, le géant simple d'esprit dont elle était la seule
amie, devient le coupable idéal pour le fort peu sympathique adjoint du vieux
shérif… Deep Winter pourrait se
résumer ainsi, on n'aurait pas dit grand chose pour autant de ce récit tendu,
de cette tragédie chez les rednecks, que Samuel W. Gailey a situé au milieu de
nulle part, dans cette bourgade de Wyalusing qui est aussi sa ville natale.
C'est dire à quel point ce premier roman à l'atmosphère lourde est nourri de
réalité, et combien les nombreux personnages dont l'auteur fait alterner les
points de vue sont inspirés de ceux qu'il a connus. Cela donne une vraie force
à ce texte haletant où le suspense règne en même temps qu'une violence toujours
prête à exploser. Excellent portraitiste, Gailey dessine au fil des rebondissements
des personnages hauts en couleurs et toujours au bord de la rupture, au premier
rang desquels Danny, qui n'est pas sans faire penser au Lenny du Des souris et des hommes de John
Steinbeck. Ce n'est pas un mince compliment…
Samuel W. Gailey, Deep Winter, éd. Gallmeister, 23, 40 €.
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